La douce romance de mes souvenirs…


J’assiste à une commémoration publique, par un jour frais et humide de novembre. J’écoute le discours du premier orateur, lorsque j’entends une musique que rien au monde ne me fera jamais oublier : c’est la joyeuse ritournelle d’un fifre et d’un tambour ! Au son de quelques fausses notes, comme seul un musicien talentueux peut en faire, et d’un roulement de tambour aussi doux qu’impétueux – ce qui m’étonne, étant donné la fougue et le tapage reconnu de tous les tambourineurs - mon cœur se réchauffe un peu.


Fin du premier discours.


Aussitôt une douce mélodie s’élève, ponctuée de quelques ratés du doigté, qui provoquent le début d’un léger scepticisme quant à la provenance des dites fausses notes ainsi que du sourd roulement du tambour.


À la fin du deuxième discours, encore cette douce harmonie. Cette fois je suis sûr de la provemance du jeu de doigts du fifre : aucun doute, Maurice en est l’auteur. Une hésitation, cependant : le joueur de tambour, qui encore caresse la peau tendue de son instrument… Incroyable : un vrai joueur, ce qui ne manque pas de me surprendre. Je décide d’aller voir de plus près les joyeux troubadours. Effectivement, j’aperçois Maurice, ce qui en passant me confirme la provenance des quelques apostilles malencontreuses, et la surprise : notre tambourineur casseur de Nicolas. Peut-être que son récent mariage lui donne quelque signe de sagesse, allez donc savoir avec cette jeunesse fougueuse !

Serrement de mains, présentation des plus jeunes, inconnus de moi. Voyant que je les distrais un peu et tenant à respecter leur immense talent, je m’esquive tranquillement…


Sur le chemin du retour, je me suis remémoré cette merveilleuse rencontre et je me suis souvenu d’un détail : nos joyeux lurons portaient un autre uniforme que celui du Carignan ou de la Franche. Alors, j’ai éprouvé beaucoup de respect : avoir autant de polyvalence, il n’y a que les musiciens pour s’exhiber comme celà et avoir, encore une fois, l’occasion d’épanouir leur ego sans borne, alors que moi, simple fusilier, je n’aurais pas le courage de le faire…


De toute manière, messieurs les musiciens, vous avez été encore une fois le clou de cette journée. Même sans les fusiliers.


Patrick Cothenet



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